1. Préambule

Les arbres (et vieux arbres) ou encore les forêts et les haies sont de véritables réservoir de biodiversité. Apprenez en un peu plus sur ces entités vivantes qui rendent des services considérables à notre société.

Il n’y a qu’une activité qui soit au-dessus de tout soupçon : planter des arbres

 

À défaut d’être toujours présents dans notre quotidien, arbres, forêts et haies habitent notre imaginaire et nos références culturelles. Le philosophe Michel Onfray considère que les forêts sont, pour les humains, le miroir de
l’âme : on y trouve ce que l’on y met ou que l’on veut y mettre ou encore ce que l’on veut y trouver comme « le sentiment du sublime ou la peur ancestrale de la sauvagerie, le jardin où l’on cueille des champignons ou le paradis des lumières magiques ». Ainsi pour l’être humain, « recourir aux forêts c’est également solliciter en soi la part la plus primitive, la plus cachée, la plus naturelle, la plus vraie celle qui va nous aider à trouver un sens à notre existence ».

De son côté, Francis Hallé attire notre attention sur le fait que, « l’animal règne sur l’espace le végétal sur le temps ».
De fait la contemplation de l’arbre, même onirique, ouvre quelque part dans l’être humain, une fenêtre sur l’éternité, tant il est vrai que l’arbre en Bretagne occupe une place de choix dans l’histoire et l’imaginaire collectif. Au fil du temps, l’homme a tissé avec le végétal un lien étroit et une complicité singulière. Tour à tour forestier, urbain, sacré, paysager, il est l’expression d’une histoire, d’une économie et de pratiques ancestrales. L’arbre symbole de la vie et la haie, symbole paysan, appartiennent à l’inconscient collectif et devraient naturellement être respectés. Or, ils sont victimes du développement agricole, urbain, industriel. Ils sont devenus gênants, et, là où ils sont supportés, ils sont taillés ou contenus dans les parcs.

 

1.1. Les forêts 

Il est aujourd’hui bien connu que les forêts rendent de grands services à l’environnement et sont un outil essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles assurent la stabilité du climat en permettant de réduire la quantité de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.
Elles améliorent la qualité et la disponibilité de l’eau, voire de réguler les températures, notamment en milieu urbain. Comme l’ensemble de la végétation terrestre, elles jouent un rôle croissant dans la redistribution de la chaleur et de l’humidité. Les forêts contribuent à la genèse des sols et en réduisent l’érosion et créent des microclimats qui préservent, et parfois optimisent la productivité agricole.
Indépendamment des différentes espèces qui la composent6, même si la nature des sols est le premier déterminant de la flore forestière, la richesse biologique de la forêt est également le reflet de son histoire. On sait aujourd’hui que les forêts récentes, installées sur d’anciennes zones cultivées ou pâturées, n’hébergent pas la même biodiversité que les forêts qualifiées « d’anciennes »7 qui hébergent des espèces spécifiques à faible capacité de dispersion.
Il n’en demeure pas moins que cette richesse biologique est également le reflet de la structure de la forêt. Ainsi, zones de transition entre les milieux ouverts et la forêt, les lisières constituent des espaces clés pour la biodiversité. Elles sont en général quantitativement plus riches en diversité végétale et animale que l’intérieur du massif forestier. Si les lisières ont des effets à longue portée au sein de la forêt, en
revanche les forêts profondes hébergent dans leur cœur des espèces spécifiques qui s’installent loin des lisières où elles seraient dans le cas contraire plus facilement prédatées par d’autres espèces moins spécialisées.
Au cœur de la forêt se rencontrent également des « îlots de sénescence », regroupements de vieux arbres vivants porteurs de micro-habitats où des composantes spécifiques de la biodiversité trouvent refuge notamment au sein des bois morts.

 

1.2. Les haies 

Les haies et les alignements d’arbres constituent de véritables extensions linéaires des forêts. En fonction de leur densité, elles sont des interfaces particulièrement riches en biodiversité. Véritables corridors pour la faune et la flore elles rétablissent la connectivité entre des boisements plus étendus. Autrefois largement utilisées pour délimiter les parcelles et fournir du bois, l’homme a toujours entretenu avec la haie des rapports complexes. Au XXème siècle, elles ont beaucoup souffert de l’agrandissement du parcellaire et la mécanisation de l’agriculture : entre les années 1970 et 1980, 40 % des haies du territoire français ont été supprimées. Aujourd’hui, au-delà de leur intérêt agricole, leur multifonctionnalité est clairement reconnue au travers d’un ensemble d’intérêts :

  • Intérêt culturel et paysager : Témoins de l’exploitation du territoire, elles marquent le paysage rural par le façonnage des paysages agricoles et constituent un patrimoine paysager et culturel incontournable. Témoignage de l’exploitation traditionnelle du bois des haies, de la gestion, et de l’exploitation fixation du paysage en contribuant à son maintien, elles permettent en outre l’intégration des bâtiments notamment d’élevage et leur protection contre les intempéries.

 

  • Intérêt environnemental : Elles contribuent à la biodiversité animale et végétale en tant que véritable corridor écologique participant de la Trame Vert. Elles sont un outils efficace pour le maintien de la qualité de l’eau, quand la haie est associée à une bande enherbée. Lorsqu’elles sont perpendiculaires à la pente, elles favorisent l’infiltration des eaux de surface12, protègent les sols conte l’érosion par le biais de systèmes racinaires dense qui retiennent les masses de terre lessivées par l’écoulement des eaux et elles ont un rôle appréciable de filtre et d’épuration car elles contribuent à la dégradation des pesticides.

 

  • Intérêt agronomique et économique : Elles améliorent les conditions microclimatiques des parcelles, sont de véritables brise-vents y compris pour le bétail, elles jouent le rôle de réservoir d’auxiliaires utiles permettant de lutter contre les ravageurs des cultures. Elles sont toujours source de bois d’œuvre et bois de chauffage (bûches, de copeaux pour chaudière, planches, poutres, piquets pour clôtures…), et produisent des baies et des fruits.

 

  • Intérêt pédagogique et pour les loisirs : Elles encadrent les chemins creux, facilitant tous les types de randonnées, elles permettent la redécouverte des anciennes tailles typiques de la haie (têtards, plessage)13 et l’observation des éléments faunistiques et floristiques la composant.

 

1.3. Les arbres et les vieux arbres 

Les différents bienfaits qui ont été présentés pour les forêts ou les haies, vont se retrouver à leur échelle dans chaque arbre, qu’il soit isolé ou non.
Les arbres sont une richesse inestimable qui contribue de plusieurs façons à améliorer la qualité de vie en milieu urbain. En effet, comme nous le détaillerons plus loin, un arbre absorbe les polluants atmosphériques, le bruit et les eaux de pluie, tout en diminuant le ruissellement dans les égouts. De plus, l’arbre est le meilleur outil pour lutter contre le phénomène des îlots de chaleur en milieu urbain puisque l’ombre qu’il procure réduit la température ambiante. Mais ce n’est pas tout ! En plus d’améliorer le paysage, les arbres abritent plusieurs espèces fauniques et permettent ainsi une plus grande biodiversité en ville. Dans un environnement urbain, il est essentiel de bien identifier les différentes fonctions que peuvent remplir les arbres et les espaces boisés : sous bien des aspects, ils permettent de réduire les effets dommageables sur notre environnement (pollution) et notre santé. De plus, non seulement les arbres en milieu urbain remplissent des fonctions écologiques et thérapeutiques, mais ils peuvent aussi contribuer à notre confort et notre sécurité et même jouer un rôle social, esthétique et économique. Dans cet ensemble, les vieux arbres qui ne sont pas seulement des arbres en fin de vie, doivent faire l’objet d’une attention toute particulière non seulement parce qu’ils sont des témoins de l’histoire du lieu mais aussi à cause de la multitude de micro-habitats qu’ils présentent et de la biodiversité qu’ils hébergent.

Ainsi, tant dans certaines forêts, dans des jardins, que dans des haies ou limite de propriété on peut rencontrer des vieux arbres voire des arbres sénescents. À y regarder de plus près, outre les mensurations
inhabituelles, voire spectaculaires de ces spécimens, ils hébergent une biodiversité très importante et parfois très spécifique : des mousses, des algues, des champignons et des lichens, mais aussi des scarabées, des chenilles, des papillons, divers insectes xylophages, des oiseaux et leurs nids, des chauves-souris, voire des écureuils. Le vieil arbre est plus grand protecteur de la biodiversité que le jeune arbre avec ses branches lisses. Un vieil arbre sert d’habitat et de nourriture à de nombreuses espèces animales et végétales dont certaines sont essentielles au processus de décomposition et d’humification de l’arbre et des branches tombées à terre. Indispensable à la vie de ces espèces, l’arbre sénescent favorise le maintien de la biodiversité. Le recyclage de matière ligneuse et la minéralisation de la matière organique résultent de l’intervention d’une succession d’acteurs : champignons xylophages, insectes saprophages, puis, en fin de processus, micro-organismes. La transformation du bois mort en terreau ou en humus s’effectue plus ou moins rapidement selon l’espèce et la situation (microclimat sec ou humide, par exemple). Des espèces animales (insectes, oiseaux, mammifères, batraciens, reptiles) utilisent les arbres morts encore sur pied ou bien au sol pour se réfugier, nicher, stocker leur nourriture. Certaines espèces végétales (champignons, mousses, lichens) y trouvent un milieu de développement favorable. La présence d’arbres qui bouclent entièrement leur cycle biologique en forêt améliore le fonctionnement de l’écosystème par le recyclage des matières organiques et minérales.

 

 

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